La nécessité de la formation
Au Pds comme à Pastef, le maître mot concernant la jeunesse, c’est la formation. Il s’agit là d’un soubassement important pour l’avenir de tout jeune politicien. «Ce qu’on voudrait, c’est réanimer l’école du parti pour pouvoir bénéficier des savoirs de maître Wade qui nous a laissé pas mal de choses à découvrir, à apprendre pour mieux cerner le Sénégal, pour mieux travailler pour le Sénégal», souligne Marie Sow Ndiaye de l’Ujtl. Dieynaba Seck de Pastef a également soif de connaissances. «Nous avons besoin de savoir pour mieux servir le parti et, au-delà, le pays. Le savoir, c’est le pouvoir.» «Il est important d’impliquer les jeunes, si l’on veut changer les choses dans ce pays», renchérit la présidente du mouvement des femmes de Pastef, Maïmouna Dièye.
«La tradition à Touba et Mbacké veut que les femmes laissent la prise de décisions aux hommes»
Les jeunes et les femmes souffrent toutes du même mal : se faire entendre dans les instances politiques. Ce fait n’est pas une spécificité sénégalaise. En Afrique, alors que les jeunes de moins de 30 ans représentent environ 70% de la population, ils ne sont que 1,5% à être parlementaires selon les recherches de l’Uip (Union interparlementaire 2017). Bien que cela soit souvent dû à des perceptions telles que le manque d’expérience. Dans de nombreux pays africains comme le Sénégal, la limite d’âge pour être candidat notamment à la Présidentielle (35 ans) représente une vraie barrière alors que la population sénégalaise est essentiellement constituée de jeunes, avec un âge moyen de 19 ans. Si l’absence de formation et de qualification professionnelles n’exposent pas les filles à l’exploitation, ces maux freinent le plus souvent leur élan politique. A ce propos, Serigne Saliou Faye de la Cojer à Touba donne une réponse ambiguë : «Je ne peux ni le nier ni le confirmer. Quand il y a une activité politique, on les cantonne dans la mobilisation et l’animation en leur donnant des tee-shirts. Mais, on les consulte pour recueillir leur opinion sur chaque situation ou décision à prendre.» Même si les choses bougent, les interdits religieux et coutumiers sont tels que les femmes s’auto-excluent elles-mêmes du pouvoir, pour laisser libre cours aux hommes dans la prise de décisions. «La tradition à Touba et Mbacké veut que les femmes laissent la prise de décisions aux hommes. Les femmes ont intériorisé cela et l’ont accepté de facto», témoigne encore Serigne Saliou Faye.
A la peine dans les débats intellectuels
La politique étant par excellence un domaine de confrontations d’idées, d’opinions et de positionnement, les jeunes militantes éprouvent des difficultés à faire face aux jeunes hommes dans les débats intellectuels. Ce constat fait par bon nombre de Sénégalais est partagé par M. Zator Mbaye, président du mouvement des jeunes de l’Afp. A l’en croire, les jeunes militantes manquent de sérieux dans leur militantisme politique. «Elles doivent être sérieuses, conscientes de leurs rôles, ne pas jouer des rôles d’hôtesse, de faire-valoir ou d’animatrice, mais jouer des rôles éminents dans la prise de décisions au sein des appareils politiques, peser en termes de mobilisation et jouer également un rôle éminemment scientifique et intellectuel», préconise le président du mouvement national des jeunes de l’Afp. Son opinion n’est pas la même que celle de Marie Sow Ndiaye. «L’opinion va en juger, mais les jeunes militantes du Pds ravissent la vedette aux autres sur les plateaux télévisés et autres émissions. Donc, le Pds a la ressource et l’exploite à merveille», se glorifie la jeune députée libérale.