Tambacounda/Cinéma: Film « JOM » De Ababacar Samb Makharam Sur Les Feux De La Rampe.

LE CENTRE CULTUREL RÉGIONAL DE TAMBACOUNDA PREND DES INITIATIVES SALUTAIRES.

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TAMBACOUNDA: FOCUS CINÉMA PROCEDE A LA PROJECTION DU FILM « JOM » DE ABABACAR SAMB MAKHARAM AU CENTRE CULTUREL REGIONAL.

Le Centre Culturel de Tambacounda en Collaboration avec Focus Cinéma a organisé le Vendredi 18 Février 2022 à 19 heures la Projection du film « JOM » de Ababacar Samb Makharam. Monsieur Germain Coly, Directeur National de la Cinématographie et Monsieur Georges Denis  Diatta, Directeur du Centre Culturel Régional ont rassuré les cinéphiles quant à la Pérennisation de telles activités et surtout la mise en place imminente d’un Ciné-Club.

MONSIEUR Ababacar Samb-Makharam est né le 21 octobre 1934 à Dakar, Sénégal. En 1955 il commence ses études d’art dramatique au Conservatoire d’Art Dramatique de Paris  en France. Entretemps, il fonde une troupe de théâtre (Les Griots) dans laquelle il joue divers rôles. En 1958 il commence ses études de cinéma au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome en Italie et y obtient son diplôme de Réalisateur. En 1964 il rentre au Sénégal et entame sa carrière de réalisateur en travaillant à la Radio et à la Télévision de son pays. Ababacar Samb-Makharam, grand esthète du cinéma panafricain est un des pionniers de la  Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI) dont il fut le premier Secrétaire Général de  1970 à 1976. Il est également un des pères fondateurs du Festival Panafricain du Cinéma et de  la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1972.  Au sein de la FEPACI, Samb-Makharam a consacré une grande partie de sa vie de cinéaste à travailler pour l’éclosion et le développement du cinéma en Afrique d’une part, et d’autre part  à l’élaboration des politiques cinématographiques des états à travers le Continent.  Il est décédé à Dakar le 07 octobre 1987 laissant au cinéma africain un héritage filmographique de deux courts métrages et deux longs métrages de fiction. – 1L’Ubriaco (L’ivresse) ; 06 min ; Italie/Sénégal ; 1961./-2 Et la neige n’était plus ; 22 min ; Sénégal ; 1966./-3 Kodou ; 1h 40 min ; Sénégal ; 1971./- 4Jom ou l’histoire d’un Peuple ; 1h 20 min ; Sénégal ; 1981.

En plus d’être un excellent conteur, Ababacar Samb Makharam a su adapter les principes dits Universels de l’écriture cinématographique aux principes narratologiques et pédagogiques du   Didactisme qu’ont en partage la plupart des traditions orales du Sahel. Il a pris en compte le Fait que dans les traditions orales d’Afrique Occidentale, la fonction première du conte est d’enseigner les valeurs morales et sociales et que de ce fait le récit est piloté par l’intrigue et  non par le personnage comme préféré par l’approche hollywoodienne du cinéma. Il s’est donc approprié les principes de la grammaire cinématographique tels qu’enseignés dans les écoles  de cinéma et a mis au point une esthétique du cinéma panafricain en les intégrant dans la structure didactique du conte ouest-africain. C’est ainsi que Samb-Makharam a fait de JOM un film très beau et poétique qui divertit tout en enseignant sans aliéner le public. Son film participe à l’éveil des consciences pour le combat de libération qu’il mène contre la domination et l’esclavage mental. Il est donc l’esthète du cinéma panafricain par excellence.

« JOM » ou l’histoire d’un peuple est le deuxième et dernier long métrage de fiction réalisé par le Sénégalais Ababacar  Samb Makharam en 1981, soit six ans avant son décès. Quoiqu’unique en son genre, le film est un prototype rare du cinéma panafricain portant une forte empreinte de la tradition orale du Sahel tant par sa forme que par l’allégorisme de son contenu. Au niveau de l’esthétique, il s’inspire des principes de l’écriture dramatique et des éléments du scénario (euro-américain) pour écrire un film en trois vignettes  autour du thème  JOM tout en faisant la part belle au didactisme de la structure du conte ouest-africain.

« JOM » est un mot Wolof qui signifie à la fois Dignité, Honneur, Fierté et Amour-propre.D’une manière générale, un scénario ou un film à vignettes est constitué de plusieurs histoires  individuelles indépendantes qui sont connectées par un thème unique. Le thème est alors le fil conducteur de l’œuvre, d’une vignette à l’autre. La particularité de JOM se trouve dans le fait que Samb-Makharam a eu le génie de créer un fil conducteur visuel et dramatique à travers le personnage de Khaly, Le Gewel qui transcende l’espace et le temps, qui, par ailleurs, joue un rôle actif dans les trois vignettes. Le fil conducteur de Samb-Makharam n’est donc pas seulement un thème philosophique que l’on retrouve dans trois petites histoires, mais un personnage qui joue le rôle de narrateur dans toutes les vignettes du film. La narration de Khaly le Gewel fonctionne à deux niveaux. D’une part, elle fonctionne comme partie intégrante de la diégèse du récit, c’est-à-dire que le spectateur voit Khaly racontant l’histoire.  D’autre part elle est utilisée à travers la Voix Off (son non-diégétique par définition) sur les images pour attirer l’attention du spectateur sur les différentes articulations du JOM à travers  l’Histoire des Peuples Africains. Cette deuxième fonction de la narration de Khaly fait du Gewel l’animateur de la conscience historique et la mémoire collective des Peuples Africains.

Il faut d’emblée souligner que Samb-Makharam fait siens les principes narratologiques de la plupart des traditions orales du Sahel. Selon nos traditions orales, la fonction principale d’un conte est de transmettre des valeurs morales. L’histoire sera donc pilotée par l’intrigue (the plot), et non le personnage (the character). L’accent est donc mis sur l’intrigue et non sur la caractérisation ou technique de développement de personnage. Pour les besoins de la cause, la structure dramatique de l’histoire inclura plusieurs personnages sous la bannière Protagoniste. Toutes les actions de ces personnages concourront au succès ou au triomphe de l’objectif poursuivi par eux tous. Le héros n’est donc pas toujours un seul personnage mais l’ensemble des bonnes gens au sein de la communauté. Le rôle du héros est par conséquent attribué à toute la communauté mobilisée pour faire triompher la justice, la vérité… Par ailleurs, l’Antagoniste est plus une posture, une vision du monde contraire aux idéaux du Peuple qu’un personnage. Cette vision de l’antagoniste est personnifiée par un ou plusieurs personnages de l’intrigue. Les autres principes universels de l’écriture dramatique (incident déclencheur, conflit, point d’attaque, moment décisif, résolution…) restent de mise mais sont affectés par les changements imposés par la tradition orale. Au premier chef, Samb-Makharam adopte dans son écriture cinématographique la fonction.

SOURCE RADIO GADEC BEETAWE TAMBACOUNDA 88.5

KEBE               KEBA            URACSENEGAL.SN

 

 

 

 

 

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