Sénégal: les jeunes âgés de 15 à 24 ans n’ont ni emploi, ni éducation, ni formation (Ansd)

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L’ Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a  publié les résultats de l’Enquête nationale sur l’emploi au Sénégal (ENES) pour le deuxième trimestre 2024, une analyse trimestrielle qui permet de suivre les tendances clés de l’emploi et du chômage. Ce rapport met en lumière des réalités préoccupantes, notamment une hausse du chômage, un recul de la participation au marché du travail, et la vulnérabilité persistante des jeunes NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation).

Une Participation en baisse et des disparités persistantes

Le taux de participation au marché du travail a atteint 57,6% au deuxième trimestre 2024, en baisse de 5,9 points de pourcentage par rapport à la même période en 2023. Cette diminution pourrait être le signe d’un ralentissement de l’économie ou de facteurs structurels qui limitent l’accès au marché du travail. Notamment, le taux de participation est plus élevé en milieu rural (59,6%) qu’en milieu urbain (56,2%), et les disparités de genre restent marquées : 67,5% des hommes en âge de travailler participent au marché du travail, contre seulement 48,0% des femmes.

Hausse du chômage : un signal alarmant

L’étude de l’ANSD révèle un taux de chômage préoccupant, avec un niveau élargi qui s’élève désormais à 21,6%, soit une hausse de 3 points par rapport au taux de 18,6% enregistré en 2023. Cette progression témoigne des défis auxquels font face les populations, en particulier en milieu rural où le chômage atteint 25%, contre 19,3% en zone urbaine. Le chômage touche aussi différemment les hommes et les femmes : les femmes enregistrent un taux de chômage beaucoup plus élevé (34,0%) que les hommes (12,4%), une inégalité qui souligne les barrières persistantes pour les femmes sur le marché du travail.

Au sens strict du Bureau international du travail (BIT), le taux de chômage est estimé à 5,8%, un chiffre qui, bien que plus faible, n’atténue pas les préoccupations. La hausse générale du chômage, surtout en milieu rural, met en lumière les difficultés économiques structurelles qui pèsent sur certaines régions et catégories de population.

Les Jeunes NEET : une génération à risque

L’analyse de l’ANSD sur les jeunes NEET est tout aussi alarmante. Cette catégorie de jeunes âgés de 15 à 24 ans, ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, représente 30,7% de la population de cette tranche d’âge au Sénégal. Ce taux atteint même 37,6% en milieu rural, contre 25,7% en milieu urbain. Les jeunes femmes sont particulièrement touchées, avec un taux de NEET de 39,2%, contre 22,0% pour leurs homologues masculins.

Cette situation révèle les défis auxquels sont confrontés les jeunes dans leur insertion professionnelle et leur éducation. Le profil élevé de NEET en milieu rural et chez les femmes peut limiter considérablement les perspectives de développement personnel et économique, contribuant ainsi au cycle de la pauvreté et de la marginalisation sociale.

Enjeux et perspectives

Les résultats de cette enquête soulèvent des questions pressantes pour les politiques publiques sénégalaises. La baisse de la participation au marché du travail, combinée à une hausse du chômage et à une forte proportion de jeunes sans activité ni formation, exige une réponse politique adéquate. Le gouvernement sénégalais pourrait considérer des actions renforcées, telles que l’augmentation des programmes de formation professionnelle ciblés, des initiatives de soutien aux femmes dans l’emploi, ainsi que des mesures pour stimuler l’emploi en milieu rural.

Face à ces chiffres, il est essentiel de renforcer les politiques d’inclusion et de soutien aux populations vulnérables afin de dynamiser l’économie et de favoriser une meilleure intégration des jeunes et des femmes dans le marché du travail.

En conclusion, le rapport de l’ANSD pour le deuxième trimestre 2024 est un rappel des défis économiques et sociaux auxquels fait face le Sénégal. Il est essentiel d’agir pour offrir aux jeunes des perspectives durables, réduire les inégalités de genre et permettre une meilleure intégration des travailleurs dans le tissu économique national.

Barthélémy COLY Uracsénégal

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