SENEGAL/ KOUMPENTOUM/TAWFEKH: VILLAGE A’ LA CROISEE DES CHEMINS , ENTRE DEFIS ET OPPORTUNITES.

(25/02/2025)-Au cœur des vastes étendues du Sénégal oriental, le village de Tawfekh, situé dans la région de Tambacounda, incarne à la fois l’espoir et les défis du développement rural en Afrique. Peu connu du grand public, ce village mêle traditions séculaires et réalités modernes, avec une population essentiellement composée de communautés sérères et peulhs, vivant de l’agriculture et de l’élevage. Cependant, malgré un potentiel économique et humain considérable, Tawfekh souffre de l’isolement, de l’insuffisance des infrastructures et de l’absence de services essentiels. Chaque jour, les habitants affrontent une réalité difficile, où précarité et résilience cohabitent, mais où l’espoir d’un avenir meilleur reste vivant. Vivre à Tawfekh (Village 11), c’est accepter une routine éprouvante où chaque déplacement devient un parcours du combattant. Les routes, rongées par le temps et le manque d’entretien, transforment le moindre trajet en épreuve. Pendant la saison des pluies, le village est coupé du reste du monde. Les habitants, déjà̀ confrontés à de nombreuses difficultés, doivent faire face à un isolement forcé qui paralyse leur quotidien. ///Les agriculteurs peinent à écouler leurs productions vers les marchés de Bamba Thialéne ou Koumpentoum, ce qui les contraint souvent à vendre à perte ou à voir leurs récoltes se détériorer. Pour les éleveurs, l’acheminement du bétail vers les centres urbains devient un véritable casse-tête. Mais la situation est encore plus dramatique lorsqu’il s’agit d’urgences médicales : une femme en travail ou un enfant fiévreux doivent espérer arriver à temps dans un centre de santé lointain, un pari souvent risqué. L’amélioration des infrastructures routières changerait radicalement la vie des habitants. Des routes praticables faciliteraient l’accès aux marchés, aux écoles et aux centres de santé, tout en encourageant les investisseurs à s’intéresser à cette zone rurale au potentiel immense.

L’eau, cette ressource essentielle, est une denrée rare à Tawfekh. Chaque jour, hommes, femmes et enfants parcourent plusieurs kilomètres sous un soleil accablant pour remplir quelques bidons d’eau. Ce manque d’eau potable entraîne des maladies hydriques, affecte l’hygiène et réduit considérablement la productivité agricole.  Le village dispose bien d’un forage, mais celui-ci fonctionne difficilement en raison du manque chronique de gaz-oil pour alimenter la pompe. Cette pénurie empêche un approvisionnement régulier en eau et contraint les habitants à se rabattre sur des sources peu fiables, souvent insalubres. Sans un approvisionnement constant en carburant ou une alternative durable comme l’énergie solaire, la situation restera critique.  L’un des problèmes les plus alarmants de Tawfekh est l’absence totale d’un poste de santé. Dans ce village, toute urgence médicale devient une course contre la montre. Les malades et les femmes enceintes doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour espérer être pris en charge à Koumpentoum ou à Tambacounda. Trop souvent, cette distance est fatale. Un simple paludisme non traité peut se transformer en drame. Les femmes enceintes, sans suivi médical adéquat, accouchent dans des conditions précaires, mettant en péril leur vie et celle de leurs nouveau-nés. L’installation d’un poste de santé équipé d’un personnel qualifié et de médicaments de base est une nécessité absolue pour garantir un accès minimal aux soins.

L’éducation à Tawfekh fait face à de nombreux défis. Si le village dispose d’une école élémentaire, celle-ci souffre d’un manque criant d’infrastructures. L’un des problèmes majeurs est l’absence de clôture autour de l’établissement. Sans cette clôture, l’école est exposée aux intrusions d’animaux errants, mettant en danger les enfants. De plus, l’absence de barrière physique laisse place à des distractions et compromet la sécurité́ des élèves, qui peuvent être tentés de quitter l’enceinte en pleine journée. Une clôture assurerait un cadre d’apprentissage plus sécurisé et favoriserait la concentration des élèves. ///Malgré les défis, Tawfekh n’est pas un village condamné à la pauvreté. Avec une volonté politique forte et des partenariats stratégiques, il peut devenir un modèle de développement rural. L’Etat, en collaboration avec les ONG et les entreprises privées, a la possibilité de mettre en place des programmes de développement qui répondent aux besoins urgents de la population. Le financement de projets agricoles, la construction d’un collège et d’un centre de santé digne de ce nom, ainsi que l’amélioration des infrastructures, sont des actions qui pourraient transformer le visage du village. Le potentiel touristique de Tawfekh, grâce à sa culture unique et son environnement naturel, pourrait aussi être exploré. Avec un investissement dans les infrastructures nécessaires, le village pourrait attirer des visiteurs intéressés par les traditions séjournant dans un cadre rural authentique. Ce secteur pourrait générer des revenus et offrir des opportunités aux jeunes. ///Le destin de Tawfekh, comme celui de nombreux villages ruraux au Sénégal, repose sur des choix déterminants. Il ne suffit pas de se contenter de promesses ; il faut des actions concrètes et durables. Le village n’a pas besoin de promesses vides, mais d’actions concrètes, d’investissements stratégiques et d’une mobilisation collective. Avec un engagement réel des autorités, des ONG et des partenaires au développement, Tawfekh peut sortir de l’ombre et prouver qu’un village rural, malgré́ les obstacles, peut devenir un modèle d’épanouissement et de prospérité. Il est temps d’agir pour Tawfekh. Car un village qui a soif d’eau, d’éducation et de santé a aussi soif de progrès et d’espoir.  L’enjeu est simple : choisir entre rester dans la précarité ou embrasser un avenir plus radieux grâce à des actions bien pensées, des investissements réfléchis et une véritable volonté de transformer les défis en opportunités.

« Tawfekh a tout pour réussir. Il ne manque que le déclic et la volonté politique ».

URACSENEGAL

KEBEKEBA/ AISSATOU DIOUF/ SOULEYMANE DIAKHITE