SEDHIOU – 14.259 HECTARES DE FORETS BRULES EN CINQ ANS, LE PERIL VERT AU ROUGE !

Les forestiers jouent la prévention mais butent sur l’insuffisance de moyens

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L a région de Sédhiou est une zone névralgique en termes de sensibilité aux feux de brousse. Entre 2015 et 2020, une superficie de 14.259 hectares avaient brûlé, du fait de l’action de l’homme, pour 89 foyers allumés. Et pourtant, les services forestiers sont toujours sur le pied de la sensibilisation.

Ils organisent et surveillent régulièrement des feux précoces pour prévenir des incendies dévastateurs. Durant ces cinq dernières années, 12.772,6 hectares ont fait l’objet de brulage précoce pour éviter la propagation du sinistre, en rapport avec les communautés de base, selon un rapport de l’Inspection régionale des Eaux et Forêts (IREF).

C’est tout le sens de cette tournée organisée, cette semaine, par l’Inspection régionale des Eaux et Forêts de Sédhiou. Inspecteur Ismaïla Niang, le commandant de l’IREF de Sédhiou, a expliqué que «le feu précoce est un feu contrôlé, allumé à titre préventif en début de saison sèche, avant la dessiccation totale des herbes, afin de prévenir les feux de brousse violents.

C’est justement pour réduire la quantité de combustibles critiques. Une fois cela fait, tout feu qui se déclare sur le site n’aura pas une ampleur considérable.

Et il faut noter que dans cette zone, la densité du couvert végétal et des pratiques socioculturelles et agricoles constituent des facteurs de risques aux feux», dit-il. Aliou Diallo, le deuxième vice-président du Conseil départemental de Sédhiou, alerte sur la protection des massifs forestiers.

«Sur une superficie de 7.330 kilomètres- carrés, nous avons au moins plus de 83.000 hectares de forêts, avec 12 forêts classées. Donc, c’est un patrimoine très important à préserver aujourd’hui. L’intérêt de la forêt est incommensura- ble.»

Avant toute action répressive, la sensibilisation des communautés est privilégiée, nous dit Mme le lieutenant Mariama Ndiaye, cheffe du secteur des Eaux et Forêts de Sédhiou. «Nous organisons des réunions de sensibilisation et de conscientisation dans les villages, pour faire comprendre le drame des feux de brousse et le sens de responsabilité citoyenne de chacun, pour protéger le couvert végétal».

L’INSUFFISANCE DES MOYENS DE LUTTE INQUIETE En cas d’incendie de forêt, la lutte se fera sans camion-citerne car le seul qui était opérationnel dans la région est tombé en panne. L’adjudant Bacary Sonko l’a dit lors d’une antenne spéciale sur le sujet.

«Nous avons effectivement des difficultés notamment d’ordre logistique car, dans toute la région de Sédhiou, nous n’avons qu’un seul camion-citerne qui est malheureusement tombé en panne. Et c’est à ce niveau que nous interpellons les Collectivités territoriales à s’impliquer dans la recherche commune de moyens pour réparer ce camion.

En plus, s’il y a un montant qui reste, ça pourrait servir de banque d’essence au niveau des stations-services. La gestion de l’environnement est une compétence transférée aux Collectivités territoriales», a souligné M. Sonko. A Diallocounda, dans l’extrême nord de la région, Imam Mamadou Seydou Diallo et les Comités de lutte ont sollicité des moyens pour parer à toute éventualité, afin de sauver les massifs forestiers déjà clairsemés par le trafic à outrance de bois.

SEDHIOU, UNE REGION A FORTES POTENTIALITES AGROFORESTIERES Selon l’inspecteur régional des Eaux et Forêts (de Sédhiou), Sédhiou est la première région productrice d’anacarde, avec plus 30 milliards de F CFA de chiffre d’affaire.

Elle est la deuxième région productrice de banane et de riz pluvial. Sédhiou compte également 6 zones amodiées à savoir Bona, Bantabatoo, Sédhiou, Séfa-Chasse, Diannah-Chasse et Sonkodou-Pakao, a fait savoir le commandant Ismaïla Niang. Pour ce qui est de la diversité des écosystèmes, le rapport de l’IREF laisse apparaître la forêt avec les palmeraies, les rôneraies, les bambouseraies qui fournissent du bois, des fruits (environ 700 T taxés) et du fourrage aux humains, animaux sauvages et domestiques.

«Une étude réalisée au Centre de recherche zootechnique (CRZ) de Kolda a montré que pendant la saison sèche, seule les zones à bambou fournissent du lait dans la région de Kolda. Elle contribue à la fiscalité locale avec 202.527.500 F CFA de recettes forestières dont les 81.011.000 F CFA au profit des Collectivités territoriales».

LES CAUSES ANTHROPIQUES DES FEUX DE BROUSSE IDENTIFIEES Les feux de brousse sont d’origine anthropique c’est-à-dire occasionnés par l’action de l’homme ; mais les auteurs restent souvent inconnus, a déclaré l’inspecteur Ismaïla Niang. «Les défrichements des champs (Cultures sur brûlis), la récolte de miel, les campeurs pendant la récolte des noix d’anacarde, les voleurs de bétail venant de la Guinée-Bissau qui allument délibérément des feux de brousse afin d’échapper aux poursuites des populations locales et les activités de chasse», sont essentiellement à l’origine des feux de brousse déplorés dans la région.

Les dégâts enregistrés, concernent, d’après les agents des Eaux et Forêt, la destruction du tapis herbacé, des plantations d’anacarde, du bétail piégé, des arbres et régénération naturelle calcinés. Pour cette présente campagne, six (06) procès-ver- baux ont été dressés pour un montant de 1.850.000 F CFA d’amendes.

Cependant, on note toujours un manque de volonté de dénonciation de certains auteurs des cas de feux de brousse, de la part des populations. En perspectives et conformément au Plan de travail annuel (PTA) 2020/2021, les forestiers comptent redynamiser les 56 comités, équiper 32 comités, former 45 comités, organiser 24 émissions radiophoniques et 97 séances de sensibilisation.

Par ailleurs, ils envisagent de réhabiliter 265 km de pare-feu, d’ouvrir 182 km de pare-feu autour des forêts et/ou zones sensibles, de traiter 98 km le long des axes routiers et 13.850 ha de feux précoces. Mais, aussi longtemps que les Collectivités territoriales ne s’engagent pas dans la bataille de façon participative, les efforts resteront vains.

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