Sénégal// Des acteurs clés de l’éducation se prononcent : Position, Posture et Recommandations.

L’EDUCATION FACE A’ LA CRISE SOCIO-POLITIQUE : SELS – SAEMSS – CUSEMS –UDEN - SNELAS FC – SIENS – COSYDEP /PRESIDENTIELLE 2024.

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Dakar 25 février 2024.///Notre pays, le Sénégal, traverse une crise profonde depuis l’adoption par l’Assemblée nationale, en sa séance du 05 février 2024, d’une loi constitutionnelle portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la constitution, et ce, suite à l’abrogation par le Président de la République du décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral.   Cette crise socio politique impacte lourdement tous les secteurs d’activités. Elle interpelle toutes les composantes de la société et éprouve la solidité des fondements de notre être ensemble. Cette crise, qui s’est davantage complexifiée, augure des lendemains incertains avec la perturbation du calendrier électoral et des craintes sur l’achèvement normal du calendrier scolaire et universitaire.  Par ailleurs, une analyse du spectre des différentes crises politiques qui se sont succédées depuis celle de 1962, révèle que l’Ecole et l’Université ont souvent été impactées. Les crises dont les impacts ont été les plus sévères sont celles de 1968, de 1988, de 1993-94 et les crises de 2012 et de 2021 avec respectivement la paralysie du système éducatif, une année blanche, une année invalidée, des morts et/ou arrestations d’étudiants, d’élèves et d’enseignants, la fermeture d’universités. Il faut aussi noter que ces crises ont été des opportunités pour le développement de l’éducation avec notamment les Etats Généraux de l’Education et de la formation (EGEF) en 1981, la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur (CNAES) en 2013 et les Assises Nationales de l’Education et de la Formation (ANEF) en 2014.  Au plan social, des acteurs de la société civile, centrales syndicales et syndicats de branches se sont appropriés le débat politique pour l’articuler à leurs champs d’actions respectifs. Dans ce cadre, plusieurs initiatives ont vu le jour : (i) « aar sunu élections » qui appelle les sénégalais à se mobiliser contre le report ; (ii) Synergie des syndicats des travailleurs du Sénégal (SYSTRAS) qui invite à une lutte multisectorielle ; (iii) Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) qui se veut de contribuer à l’organisation d’une élection démocratique et apaisée ; (iv) des intellectuels, universitaires et personnalités influentes qui produisent des manifestes dans le sens de contribuer aux respects des principes de l’Etat de droit et de la démocratie ; …  ///L’Ecole et l’Université sont encore une fois traversées par différentes contradictions. Au-delà d’une caisse de résonnance, l’Ecole en tant que composante intégrale de la société est une école de la citoyenneté et un laboratoire où sont débattues avec rigueur les problématiques auxquelles la République est confrontée. Cela explique l’engagement de ses différentes composantes dans les espaces citoyens et leur prise de position dans les débats publics. Par ailleurs, il est à signaler que 2/31 de la population des lycées sont devenus des acteurs politiques ou primo votants, depuis la baisse de l’âge de vote à 18 ans.  Dans le secteur, on aura noté : (i) des mouvements de grèves d’élèves et d’étudiants ; (ii) des manifestations publiques ayant enregistré quatre morts dont deux (02) étudiants de l’Université Gaston Berger de SaintLouis ; (iii) des syndicats d’enseignants engagés dans la mouvance contestataire et d’autres préférant prendre du recul ; (iv) la COSYDEP qui renouvelle ses recommandations anticipatoires et engage un plaidoyer pour la sécurité des infrastructures, des apprenants et de leurs enseignants. En somme, les acteurs appellent à veiller au respect des dispositions de la constitution. En vérité, il est à rappeler que les expériences démocratiques vécues par les organisations syndicales, à travers l’organisation réussie d’élections de représentativité depuis 2011, démontrent à suffisance qu’elles peuvent valablement inspirer la classe politique dans la production de réponses pertinentes aux différentes problématiques auxquelles le pays est confronté dans le cadre de cette crise.  Tout ce qui précède justifie, à suffisance, la nécessité d’organiser la famille de l’éducation en vue d’engager une analyse situationnelle objective ; d’impulser une dynamique de dialogue inclusif pour la production d’évidences ; de bâtir des positions concertées sur les enjeux de l’heure et de formuler des recommandations urgentes sur la crise que traverse la République.  Dans cet esprit, des organisations actives en éducation, mesurant la gravité et la complexité de la situation, soucieuse de la préservation de l’intégrité de l’Ecole et de l’université socles de production du capital humain et tirant les enseignements des crises socio politiques que le Sénégal et l’Afrique ont traversées, ont formulé des recommandations urgentes et consolidantes, à travers un document de position.

  1. La recommandation urgente, en vue de contribuer à dépasser la crise socio politique actuelle, s’adresse principalement au Conseil constitutionnel : Assumer en toute responsabilité, conformément aux attentes des sénégalais, son rôle d’arbitre sage, indépendant et éclairé, pour faire respecter sa décision d’organiser l’élection présidentielle dans les délais prévus par la loi fondamentale ; préserver la crédibilité, la légitimité ainsi que la transparence du processus électoral. Pour ce faire : o Le Président de la République, Gardien de la Constitution, est invité à renforcer davantage l’autorité du Conseil Constitutionnel, seul repère stable dans ces moments troubles. Il est invité à respecter et à faire respecter les délibérations. o Les acteurs politiques et Candidats sont attendus à s’engager pour un respect strict des délibérations et à décliner leurs ambitions pour l’éducation.  o Les leaders de toute catégorie sont conviés à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants.
  2. La recommandation consolidante interpelle exclusivement le Président de la République qui sera élu. Les acteurs demandent aux candidats à cette élection présidentielle de s’engager en cas de victoire à : (i) consolider les fondements de la démocratie sénégalaise ; (ii) œuvrer à une dépolitisation de l’administration publique ; (iii) refonder l’Ecole et l’Université conformément aux aspirations du peuple et aux recommandations des ANEF ; (iv) renforcer significativement la résilience du système en termes de sécurité des infrastructures, de mise aux normes des établissements, de protection des apprenants et des personnels. En vérité, des écoles sous abris provisoires, sans murs de clôture et sans gardiens ne résistent pas aux crises.

Pour finir, les acteurs : – Encouragent les mesures de dégel qui sont prises avec l’autorisation de manifestations citoyennes et la libération de prisonniers dits politiques parmi lesquels des enfants et jeunes qui doivent bénéficier d’un dispositif de prise en charge psycho sociale et de mesures pour l’effectivité de leur droit à l’éducation  – Prennent acte du retour des enseignements en présentiel à l’UCAD tout en signalant l’urgence de prendre les dispositions idoines pour combler les lacunes et dissiper l’angoisse des nouveaux bacheliers.   Dépasser cette longue période de campagne électorale permanente afin d’adresser d’autres priorités et d’assurer le fonctionnement normal de l’institution scolaire et universitaire, les acteurs de l’éducation s’engagent.

Kébékéba  Uracsénégal

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